Améliorer la santé sexuelle des personnes trans - Têtu - 2013

Les hommes trans gay ont été mentionné dans le magazine Têtu de Mars 2013 (numéro 186), dans le cadre d’une petite interview de Ali Aguado, de l’association OUTrans, association parisienne militante et d’auto-support.

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AMÉLIORER LA SANTÉ SEXUELLE DES PERSONNES TRANS

Prenez le meilleur de la culture politique féministe, gay et lesbienne, secouez le tout et vous obtiendrez Outrans. Aucun revival des seventies dans ce projet, ces garçons et ces filles aux corps modifiés et réinventés ont créé une association trans d'autosupport. Leur proposition? De l'écoute, du soutien et de l'information. Ils et elles veulent mettre sur la table le sujet de la santé des trans et de leurs partenaires, ce qui concerne bien du monde et aussi des gays.

«FtoM» (comprenez «female to male») Ali Aguado a la pensée aussi affûtée que sa moustache, et nous aurions bien du mal à le contredire quand il dit que la santé trans est oubliée des questions de santé publique: «Les associations de lutte contre le sida veulent faire de la prévention ou de l'accompagnement pour les trans mais ne sont pas visibles en tant que telles pour les trans. Et puis, la confiance ne s'établit pas de la même façon.» Ali sait que certains FtoM se définissent comme gays et font l'amour avec des gays, y compris dans des sex-clubs. «Cela pose la question du double coming out, celui du trans et du pédé. Pour celui qui veut juste un plan cul, cela peut être plus compliqué...» Le danger, c'est que moins on parle, moins on verbalise le sujet de la prévention.

Pour répondre au problème des «non-dépistés», Outrans a donc confectionné un document spécifique pour appeler les trans à se faire dépister pour le VIH, les hépatites et les infections sexuellement transmissibles." À sa grande surprise, Ali Aguado a été contacté par des centres de dépistage et même certains CGL qui souhaitaient être formés à l'accueil des personnes trans. En 2013, Outrans entend développer ces formations auprès de médecins et d'infirmiers, notamment ceux qui sont déjà en contact avec les gays. C'est quelque chose de fondamental, car «être discriminé et confronté à la violence des soignants n'aide pas à prendre soin de soi».

 Ali refuse aussi les injonctions comportementales normatives et rappelle, bien opportunément, que le «milieu trans, c'est une constellation d'identités, de pratiques, de sexualités». À nos lecteurs, il précise qu'on use toujours du genre choisi par la personne, par respect. À ceux qui douteraient de l'utilité des interventions trans dans la prévention, il montre un sens aigu du détail, allié à un goût du langage précis: «Pourquoi ne pas valoriser le préservatif féminin en l'appelant capote interne par opposition à la capote externe ? Des femmes, des trans, des hommes qui se font prendre s'en servent très bien, en le plaçant avant le rapport et ça ne fait pas un bruit de sac en plastique...»

Car si l'association veut diffuser des outils utiles aux personnes trans, c'est parce que ça servira à tous, à eux comme aux amants, aux maris, aux amoureux, aux coups d'un soir, aux ex et aux meilleurs copains. «Nous voulons que les trans se sentent fiers et en capacité de se protéger, qu'ils trouvent en eux et avec nous la puissance d'agir sur leur vie, leur sexualité, leur santé, nous voulons garder la rage.» Bien dit, Ali: ça sonne juste et ça arrive au bon moment.

Ali Aguado est militant de l'association d'autosupport Outrans.

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