Article d'origine en anglais du magazine Out.com (pdf)
Ils sont comme n’importe quel autre homme gay. Sauf qu’ils sont nés de sexe féminin.
Par une froide nuit d’hiver, j’emmène mon copain Hunter, 20 ans, dans un bar gay de l’East Village – sa première fois dans un troquet de New York où il pourrait se frotter à d’autres hommes gay mignons comme lui. Je persuade le barman de nous laisser entrer en prétendant que Hunter est mon petit frère qui vient juste d’avoir 21 ans et de faire son coming-out, mais que son porte-feuille et sa carte d’identité ont été volé dans le métro. Avec mauvaise grâce, le videur nous laisse rester et nous allons nous asseoir dans le fond. C’est un soir de semaine plutôt vide, mais quelques mecs commencent à lancer des regards par dessus l’épaule et à draguer Hunter et il murmure qu’il trouve l’un d’eux mignon – le mec avec le look le plus hétéro de toute la salle.
Puis, comme si sorti d’un casting commun à tous les bars gay, un grand mec brun élancé commence à déboutonner sa braguette et à sortir une bite au repos, puis la laisse se balancer hors de son jeans pendant qu’il se pavane dans le bar. Hunter et moi essayons de ne pas le fixer, mais nous commençons à faire des paris sur est-ce que c’est une vraie. Pendant 20 minutes nous sommes convaincu que c’est le cas, mais quelqu’un tire dessus et elle s’étire sur 30 minces centimètres avant d’être relâchée d’un coup sec.
Hunter rit et articule en silence : « Je me suis trop fait avoir ».
Malgré avoir géré avec aplomb ce banc d’essai souvent rude et impitoyable qu’est un bar gay de centre ville, Hunter – comme les autres hommes que vous voyez sur ces pages – est le genre de mec que certains sites de rencontres gay ne veulent pas que vous rencontriez. Mais moi, je le souhaite. Donc laissez-moi vous présentez Trystan, Cole, Kelly et Hunter, tous des trans pédés – des hommes transgenres qui sortent avec d’autres hommes.
Ce n’est vraiment pas un problème de penser que ces mecs sont des beaux gosses. Mais vous savez ce qui pose problème ? Dire des trucs du genre « J’aurais jamais deviné. » ou « Mais tu es tellement beau pourtant ! » Et en particulier : « Si je t’avais croisé dans la rue, j’aurais pas deviné qu’en fait t’es une femme. ».
C’est parce que ces mecs ne sont pas spécialement des femmes. Ils sont nés de sexe féminin, d’accord, mais ils vivent maintenant leur vie en tant qu’homme. FTMs (Transsexuels Female-To-Male). Tranny boys. Hommes Trans. Mais aussi des hommes gays, comme n’importe quel autre homme gay – avec une petite différence (non pas celle là – je parle de leur second chromosome X au lieu du Y qui détermine comme masculin le sexe d’un bébé à la naissance.) C’est ce qui amène des sites de rencontres comme Adam4Adam – et même des gens sur CraigsList – à effacer ou à censurer les profiles de ces mecs, insistant que leurs sites fournissent un service « réservé aux hommes ».
Lassé de voir son profile effacé, l’un de ces hommes gay trans a répliqué dans une lettre aux responsables de Adam4Adam : « Je suis peut-être né de sexe féminin mais j’ai transitionné pour devenir un homme. Personne sur ce site n’a jamais eu de problème avec moi. Je fais partie de cette communauté. Je travaille dans des bars gay. Je sors avec des hommes gay…Je n’avais pas idée que j’aurais à subir ce genre de discrimination de la part de l’intérieur de la communauté gay…Il y a plein de différentes sortes d’hommes gay : des gros et des pauvres et des handicapés, et des hommes qui sont portés sur le SM, des hommes qui pratiquent le bareback, des hommes qui prennent des amphet’, et des hommes qui sont noirs, d’autres, asiatiques et encore d’autres, métisses. Tous ces hommes ont des profiles bien visibles sur votre site. Pourquoi pas moi ? »
Le verdict final : « La raison est que votre profile dit « je suis né fille » et « avec toutes mes parties féminines d’origine » et que les photos de votre profile montrent des parties sexuelles féminines, donc en se basant là dessus, notre équipe d’approbation des profiles en a conclu que vous n’êtes pas un homme…Merci. L’équipe d’Adam4Adam. »
Rien de mieux que de s’entendre dire que vous n’êtes pas l’homme que vous pensiez que vous étiez.
Hunter : Petit Gars
Je suis étudiant à plein temps. J’aime les mecs qui sont assez sportifs et qui font quelque chose de leur vie. Je ne cherche pas à me caser… juste des rencontres tranquilles. Je donne ma préférence aux gens qui ne sont pas fâchés avec l’orthographe et qui font des phrases complètes. Il est fort possible que je ne vous réponde pas si votre profile dit quelque chose du genre « sucebitesdirect ».
Quand il ne traîne pas avec moi tout en étant mineur dans les bars gay de l’East Village, Hunter est dans sa seconde année dans une université dans les environs de Portland, Oregon, mais il étudie actuellement à l’étranger à Amsterdam. Grandissant en tant que fille dans la banlieue de Philadelphie, Hunter a commencé à réaliser qu’il était un garçon pendant sa dernière année de lycée. Il a commencé les injections de testostérone et s’est fait opérer du haut (mastectomie bilatérale et reconstruction du torse) un an après, et il a vécu depuis en tant que garçon infiniment plus heureux et en paix.
Quand j’ai rencontré Hunter pour la première fois il y a un an, il a débarqué dans mon appartement de l’East Village avec une expression amusée et un peu perplexe sur son beau visage poupin. Un homme particulièrement insistant l’avait suivi, lui et son jeune ami tout aussi mignon et également looké skater, tout le long du chemin à partir de la ligne F du métro, en leur demandant à répétition « Vous aimez la lutte les gars ? ».
Hunter et son ami n’ont pas prêté attention à l’homme, un mec banal vêtu d’un costume, d’âge moyen, qui a continué à insister, « Je suis totalement hétéro. Je suis marié. J’aime juste regarder des gars pratiquant la lutte. Vous êtes sûrs que vous voulez pas venir chez moi ? J’habite juste au coin…J’ai de quoi boire. »
Avant que Hunter ne fasse son coming-out gay et commence à attire l’attention dans la rue de mecs en quête de chair fraîche, il se définissait fermement en tant que gouine. « Mais quand j’ai commencé les hormones ma libido a augmentée d’une manière folle, et quelque chose a changé au niveau biochimique ou un truc dans ce genre. Il y a une rumeur qui fait le tour dans la communauté trans : la testostérone vous rend homo. C’est un peu vrai pour moi » dit-il en riant.
Hunter n’est pas vraiment dans l’attente d’une relation de couple, mais il aime beaucoup coucher avec des mecs qu’il rencontre à la fois sur internet et à la fac. Il est ouvert à sortir avec d’autres garçons trans mais il s’intéresse principalement à rencontrer des mecs pas trans. Bien que n’ayant aucun problème pour trouver des candidats, Hunter se sent partagé après un rencard. Il a toujours des organes génitaux femelles, et bien que le clitoris, chez la plupart des FTMs, grandisse considérablement en prenant de la testostérone, et est une métamorphose satisfaisante pour beaucoup, le « diclit long d’un pouce » de Hunter n’est pas ce qu’il désire au final pour son corps. Il est activement en train d’essayer d’obtenir une phalloplastie.
« J’ai plus tendance à pratiquer la sodomie dernièrement, mais généralement je vais avoir des rapports sexuels frontaux – c’est comme ça que je les appelle – parce que c’est plus pratique. Je le rationalise, du genre, c’est là et c’est juste un autre trou, donc tant qu’à faire autant s’en servir. » dit-il. « Sur le moment je prends du plaisir mais après coup les ramifications psychologiques me pourrissent la vie. Je reviens dans le monde réel et je me dis, ouais, c’est juste un autre trou, mais c’est un autre trou qui ne se trouve que sur les femmes, donc dès qu’on a terminé je cours chercher mon caleçon. »
Hunter avait l’habitude de révéler qu’il était FTM dans ses petites annonces, mais maintenant il attend de correspondre avec les mecs avant d’aborder le sujet. La plupart semblent cool, mais d’autres peuvent être très irrespectueux, accusant Hunter soit d’essayer de les « tromper » ou écrivant des trucs comme « On dirait que tu t’es fait couper les nichons » et en persistant à parler de lui comme d’une femme.
“En général, ce sont des mecs sympa” dit Hunter en parlant des hommes non-trans avec qui il a été jusqu’à coucher avec – environ 95% d’entre eux n’avaient jamais été avec un homme trans auparavant. « Une fois qu’on a couché ensemble, beaucoup de mecs disent « J’aime beaucoup comment t’es fait ». Ils essaient de me faire un compliment, mais quoi qu’ils disent ça tombe à l’eau. D’un côté je veux qu’ils soient OK avec comment je suis fait, mais d’un autre côté je ne veux pas qu’ils le soient –parce que je ne suis pas OK avec. »
Bien qu’il sache que la phalloplastie n’est pas parfaite, Hunter pense que sa vie sexuelle sera infiniment meilleure post-op qu’actuellement. Donc dans l’intérim, il n’a pas cherché à faire autant de rencontres cette année que pendant sa première année de fac. « C’est juste tellement épuisant, devoir le dire aux mecs encore et encore » explique-t-il, manifestement ennuyé. « Je veux juste pouvoir trouver des mecs pour un soir sans en passer à chaque fois par la discussion « Trans, c’est quoi ? », tu vois ? »
Trystan : Beau gosse rocker…
“Qui se trouve avoir une chatte. Oui elle est à moi. Oui je suis né avec. Oui…vous pouvez jouer avec. J’ai une grande gueule, j’aime l’aventure, et je suis sacrément malin. Politisé, artistique, radical. Communicatif mais sachant quand la fermer. Et en effet, je vous apprendrai. J’ai de l’affinité pour les bears, les punks et une bonne maîtrise de la grammaire. »
« J’ai su à 9 ans que j’étais un homme gay, quand j’ai commencé à jouer dans des comédies musicales » dit Trystan Angel Reese, 25 ans, qui s’auto-décrit comme « un homme gay, un pédé, ou un homme queer. » Il est né à Vancouver, Canada, et a grandi en Californie du Sud, mais réside maintenant dans la ville de New York et travaille sur le terrain en tant qu’organisateur politique pour la National Gay and Lesbian Task Force.
“J’ai toujours été attiré par les hommes et la masculinité, l’hyper-masculinité même, » dit Trystan. « J’aime le toucher d’une barbe contre ma peau, l’odeur d’un homme. Ce n’est pas du tout centré sur le phallus puisque j’ai été très heureux dans des relations avec des hommes trans. Il n’y a tout bonnement pas autant d’hommes trans dans le coin, donc je finis par sortir principalement avec des hommes non-trans. »
À l’inverse de Hunter, Trystan est complètement à l’aise avec son équipement. Cela fait plus de trois ans qu’il prend de la testostérone mais il n’a eu aucune opération et ne compte pas en faire. Quand il s’agit de sexe, « j’aime tout ce qui donne ou reçoit du plaisir » explique-t-il. « J’aime toutes les parties du corps de mes partenaires, organes génitaux inclus. J’aime toutes les parties de mon corps, mes organes génitaux inclus. Je n’aime pas me faire sodomiser, mais c’est à peu près tout ce que je ne fais pas. »
Quand il rencontre des mecs sur internet, Trystan révèle toujours sa situation de genre au tout début, mais il préfère ne pas utiliser les termes « trans » ou « ftm », trouvant que la plupart des hommes gay classiques ont de fausses suppositions sur ce que ces mots veulent vraiment dire. Donc il le formule d’une manière un peu différente – et sans ambages – dans son profile, en indiquant tout de go qu’il a un vagin.
Trystan ne se prend pas la tête avec les hommes qui ne sont pas intéressés par son corps, et comme Hunter, il a trouvé qu’il y a bien assez d’hommes intéressés qui existent. Donc il perd rarement son temps à essayer de faire changer d’avis quelqu’un si la personne hésite. Les mecs sont soit intéressés par lui, soit non – et les deux éventualités sont OK.
« Beaucoup d’hommes gay pensent que le corps féminin est dégoûtant, » dit Trystan. « Donc quand ils rencontrent un homme qui les attirent mais qui a un corps féminin, ça peut causer une petite crise identitaire. »
Shinen Kwo, 23 ans, qui est un homme gay non-trans qui est sorti avec une poignée d’hommes trans, est d’acord : « je crois que quelques hommes gay pensent qu’avoir des rapports sexuels avec des mecs FTM c’est comme avoir des rapports sexuels avec des femmes. Et d’accord, lors de ma première fois c’était maladroit et bizarre. Je pense que j’ai répondu de manière typiquement transphobe et quelque peu misogyne face à son corps, mais après (beaucoup de) discussion je me suis senti beaucoup plus à l’aise, et il a été très très sympa envers mon ignorance, ce que j’ai apprécié. » Cet organisateur d’une asso pour jeunes queer basée à San-Francisco ajoute, « Je me suis dit que ma sexualité toute entière s’était retrouvée complètement cul par dessus tête au niveau du genre à cause de mon exploration sexuelle avec des hommes trans, ça a fissuré le système binaire du genre. »
Trystan accepte fort bien la grande variété des réponses des hommes gay face aux corps FTM. « Mon petit ami (actuel) a eu un coup de flippe semblable quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois » se souvient-il. « Je veux bien dans une certaine mesure éduquer, du moment que les questions font preuve d’intérêt et non de jugement. J’ai été surpris encore et encore par ce que les personnes sont prêtes à accepter quand il en vient de…la variations dans les corps, pour être avec la personne qu’ils aiment. »
Cole : Homme trans Fem et Métrosexuel
« Mec trans solitaire cherche amiEs pour sortir dans la région de Chapel Hill/Durham/Raleigh. Je suis le genre de mec qui est réservé jusqu’à ce qu’on apprenne à me connaître. Je peux être très drôle mais j’en ai marre de sortir tout seul. J’aime danser et regarder des films et simplement traîner. Ça m’intéresse aussi d’essayer de jouer un peu avec un mec non-trans (je n’ai quasiment été qu’avec des mecs trans jusqu’à présent). Mais le sexe n’est pas le truc le plus important. »
« Le terme tranny fag décrit exactement qui je suis » déclare Joshua Bastian Cole, 27 ans. « Je suis queer, mais même ça c’est trop général, parce que je suis très précis sur les personnes qui m’attirent : d’autres mecs trans qui ont transitionné. »
Cole a grandi à Rockaway, New Jersey, et a commencé à passer périodiquement en tant que mec lors de ses classes dans le corps des officiers de réserve de l’armée de terre pendant ses années universitaires à James Madison University. Il ne cherchait pas nécessairement à passer à l’époque, mais ça a commencé à arriver graduellement après son coming-out lesbien l’année d’avant, quand il était avec une partenaire qui l’a encouragé à porter des vêtements pour homme.
« Je me demande si ma phase lesbienne était une phase à mi-chemin entre fille et homme trans, parce que c’est plus acceptable d’être masculine dans la communauté lesbienne » dit-il, avec des yeux si bleus qu’ils semblent irréels. Son partenaire idéal ces dernier temps ? « Quelqu’un comme moi. Beaucoup de personnes seraient tentées d’appeler ça de l’arrogance et de la prétention, mais je suppose que j’ai simplement toujours été à la recherche d’un autre moi-même. »
En fait, à toutes les étapes de son histoire émotionnelle et sexuelle, Cole a été attiré par des personnes qui reflétaient en miroir précisément là où il se trouvait dans son propre parcours : partant des filles et femmes jusqu’aux garçons manqués androgynes et aux « bois » genderqueer pour finalement arriver là où il en est maintenant : aux FTMs qui ont pris de la testostérone pour masculiniser leur corps. « Quand je suis avec un autre mec trans, soit on utilise tous les deux une bite, soit non,” clarifie-t-il. « Mais avec un mec non-trans (un pénis) c’est toujours là, ça ne peut pas s’enlever, et je réalise soudain que je ne suis pas authentique. Je me sens tout simplement moins mec quand un mec non-trans est nu à mes côtés. Peu importe à quel point ils me considèrent comme leur égal, je sais que je ne suis pas égal, et je n’aime pas ça. »
C’est là que Cole sent qu’il détonne avec beaucoup d’autres hommes trans qu’il connaît, qui crient à la « transphobie » si quelqu’un ---en particulier un/e partenaire, par exemple – réfère à leur prothèse de bite (gode) d’une manière mettant en doute leur réalité ou montrant qu’elle se détache. « Je respecte ces mecs qui se voient totalement homme à 100%, mais il se trouve que je ne me vois pas de cette manière là. »
Les boulots en journée de Cole consistent à replier sans fin des vêtements dans un Banana Republic de Chapel Hill, Caroline du Nord, ainsi qu’à vendre de la nourriture à la co-op locale, mais il est aussi récemment apparu dans Cubbyholes : Trans Men in Action, un film porno mettant en scène des hommes trans et non-trans ayant des rapports sexuels ensemble. Il a accepté d’enlever ses vêtements devant la caméra pour soutenir la visibilité trans, « pour montrer à quoi ressemblent nos corps », mais il n’a pas nécessairement des rapports sexuels de la même manière que dans le film. « Quand j’ai vraiment des rapports sexuels, habituellement je porte un packie et je garde mes sous-vêtements » explique-t-il en souriant timidement. « Bien que je sois tout de même exclusivement passif et fem dans mes rapports amoureux et sexuels. » Quand on lui demande de développer, il ajoute : « Je suis une reine de l’oreiller, (ndt : j’aime me laisser faire sexuellement sans qu’il y ait réciprocité), donc si je suis avec une autre fem, attention : c’est la course à l’oreiller !
Quand Cole vient dans les environs de New York pour visiter sa famille et voir A Chorus Line à Broadway, on se rencontre pour dîner dans un restaurant de Chelsea bruyant et rempli de monde. À côté du tableau de tous ces couples d’hommes présents en ce vendredi soir, il semble qu’on se fonde totalement dans la masse, et tout comme Cole l’avait prédit, sans concertation, comme si j’avais été programmé par les dieux butch-fem, je me retrouve à lui ouvrir les portes, attendre qu’il s’asseye avant de m’asseoir à mon tour, et à payer le repas ; je veux qu’on emballe les restes pour qu’il puisse les ramener chez lui. Pendant le café il me parle de la difficulté de trouver d’autres trans pédés dans la région de Durham-Chapel Hill, la raison pour laquelle il a récemment placé sur internet un profil homme-cherchant-homme.
L’annonce sur Yahoo ! Personals a rapporté à Cole des rencards avec deux hommes gays non-trans, avec qui il a passé des moments acceptables, mais qui n’ont pas réussi à avoir avec Cole le feeling dont il avait besoin. « Ils ne faisaient pas partie de mon monde, » explique-t-il. « Ce sont juste des mecs ordinaires qui se trouvent être gay. Ils regardent le foot à la télé. Je n’étais pas attiré par eux. »
Cole se sent généralement très peu en lien avec la culture gay masculine, une constatation soulignée par deux énormes tatouages qu’il a récemment fait apposer sur ses avant-bras. On peut lire sur le bras droit, en grandes lettres carrés, TRANS, et sur le gauche le mot HUMAN apparaît au même endroit. Comme notre nuit gay dans la ville l’a démontré à de nombreuses reprises, l’esthétique et les manières de Cole pourraient lui permettre de passer sans accroc en tant que stéréotype de l’homme gay stylé, mais, de la même manière qu’avec ses tatouages, il proteste, « Je n’aime pas être invisible en tant que trans. C’est une expérience dont je suis fier et j’en parle tout le temps. »
Cole a perdu des gens qu’il connaissait à cause de son refus de passer juste en tant que mec – ou même juste en tant que mec gay – quand il est sorti avec des hommes trans qui voulaient vivre complètement cachés. « L’identité tient une grande place dans la culture trans, donc si quelque chose ne cadre pas avec une autre, ma visibilité peut poser problème », il se souvient d’une relation en particulier qui a sombré parce qu’ils étaient en désaccord au sujet de la visibilité.
« Les gens sont toujours en train de me dire de déménager à New York ou San-Francisco ou Seattle, mais je ne peux pas plier bagage comme ça. » Donc pour le moment Cole travaille à ses carrières naissantes d’acteur et d’auteur — sans parler de se tenir prêt pour son dernier plan rapproché dans le prochain volet de porno trans pédé venant des producteurs de Cubbyholes.
Kelly : Female-to-Male Tranny
« FTM recherche mecs (bi)curieux : recherche mecs pour amitié, s’amuser et baiser. J’aime la sodo, la pénétration vaginale, sucer des bites, les sex-toys et d’une manière générale la débauche. »
Kelly Arbor est un homme trans de 30 ans qui “adore sucer des bites”. Il s’est toujours considéré comme bisexuel mais assène qu’il est « queer au regard de sa sexualité, de son genre et de ses idées politiques. » Il y a à peu près 3 ans il s’est fait opérer du torse et a commencé les hormones, et est actuellement en couple avec une femme.
“Je préfère sortir avec des femmes et baiser avec des mecs,” clarifie-t-il, c’est pourquoi sa relation monogame actuelle est en train d’évoluer vers une relation ouverte où il va continuer d’avoir des rencards avec des hommes non-trans, comme le « copain de baise » qu’il a eu pendant six mois avant de tomber amoureux de cette nouvelle personne qui a manifestement son mot à dire sur avec qui, mis à part elle, il a des rapports sexuels.
« J’ai eu le désir de vivre en tant que pédé depuis l’âge de 20 ans, quand j’ai commencé à exprimer une masculinité féminine, que j’appelle « pédé » », se souvient Kelly. « Mais une fois mes nichons envolés j’ai senti que je pouvais mieux me voir physiquement comme pédé – et qu’aussi je pouvais passer dans ces communautés – donc c’était comme un désir qui pouvait enfin se manifester via cet accès. »
Comme les autres, Kelly rencontre des hommes le plus souvent par internet, retenant en particulier les hommes bisexuels et d’autres hommes queers, « parce que je suis un garçon avec une chatte. C’est comme ça que j’aime me faire baiser la plupart du temps, et ce n’est pas quelque chose que je suis prêt à laisser de côté. » Kelly est brun, beau d’une manière rude, et solidement bâti ; pensez à Colin Farrell en plus petit. Et (vous voyez une tendance qui se dessine ici ?) Kelly n’a lui non plus aucun problème pour trouver des mecs avec qui coucher – des mecs qui comprennent que la masculinité, et être attiré par elle, est bien plus complexe que la présence ou l’absence d’un pénis.
“Mais j’ai eu un ou deux accrocs en face à face avec des gens après les avoir rencontré en ligne, et ils n’avaient simplement pas autant de désir qu’ils pensaient qu’ils auraient envers mon corps. Pas de problème ; la vie est faite d’expériences et chaque coup d’un soir est éducatif, » dit Kelly sans état d’âme. Son attitude ouverte se reflète dans le travail qu’il effectue en tant que responsable d’une boutique de jouets sexuels à Seattle : il est « absolument » d’avis qu’éduquer les hommes qu’il rencontre est sa responsabilité : « ça fait partie de ce que j’aime ».
“J’ai baisé avec beaucoup de mecs qui n’avaient jamais été avec des femmes,” dit-il. « C’est si intéressant et spécial d’être le premier vagin qu’ils baisent. »