Article d'origine en anglais tiré de Next Magazine (pdf)
What the FTM ? Par Dan Avery
Les hommes trans réécrivent les règles de ce que queer et homme veulent dire. Next Magazine explore la masculinité au croisement de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre.
C’est un froid vendredi de mars et je me traine à Sugarland pour une soirée. Original Plumbing, un magazine trimestriel qui célèbre la culture trans masculine, vient de sortir son second numéro et les éditeurs sont venu par avion de San Francisco pour une célébration sur la côte Est. Après m’être réchauffé avec un verre, je me retrouve à jouer des coudes à travers une mer de chairs.
Généralement, dans un club gay bondé, les mecs se jaugent en permanence. Ça peut être troublant, mais aussi intimidant. Ici, au milieu de mecs bio, hommes trans FTM, MTFs, lesbiennes, genderqueers et quelques hétéros, cette anxiété s’est dissipée. Tout au moins c’est mon impression.
“Il y avait un certain esprit de chapelle plus tôt dans la nuit, quand il y avait principalement des mecs trans », dit Daniel « Scout » Rose, homme trans et ancien manager de Sugarland, qui a aidé à mettre sur pied la soirée. « Quelque fois votre propre communauté est votre pire ennemi », plaisante-t-il. « Mais quand c’est devenu plus mélangé par la suite ça n’a été que du bonheur. Il n’y avait plus de trace de cette pression. » A la fin de la nuit, l’événement avait attiré 550 personnes –et ça ce sont juste les personnes qui ont payé pour rentrer.
C’était l’un des rassemblements les plus différents et les plus uniques auquel j’ai été depuis longtemps.
Alors que moi et mes camarades gays ont commencé à plonger doucement dans le courant dominant, il y avait cette nuit un courant d’électricité que je n’avais pas senti depuis des années – un mélange d’excitation, de confusion et même un peu de peur. Un beau mec attire votre attention et vous vous demandez « est ce qu’il en est un aussi ? » Ou peut être que vous vous prenez à salivez après la mauvaise personne. Cela faisait écho à un temps où, en tant que hors la loi du sexe, les hommes homosexuels ont dû écrire leur propre règles. Donc est ce que les hommes trans sont les nouveaux gays ?
Amos Mac a commencé à publier Original Plumbing avec son éditeur associé Rocco Kayiatos à l’automne dernier, and même dans un environnement où la presse écrite patauge, le magazine s’est emparé d’une tranche du zeitgeist queer. « Je prenais des photos de mes amis mecs trans et je voulais faire un petit zine avec ça », dit-il. « On s’est enthousiasmé et on a commencé à parler de plus en plus d’en faire un vrai magazine au lieu de juste un petit truc photocopié.” Pour Mac, une revue imprimée a plus de substance qu’un blog et pourrait être laissée comme un artefact pour les générations futures. « J’aime l’idée que quelqu’un découvre un numéro d’Original Plumbing dans 100 ou 1000 ans” dit-il. Rose a découvert le magazine par un ami et a invité Mac et Kayiatos à venir à l’est pour promouvoir le premier numéro à l’automne 2009. Cet événement a également attiré quelque 500 personnes, bien au-dessus du nombre habituel pour un vendredi soir dans ce bar.
Avant de déménager pour la côte ouest, Mac a vécu à New York de 2004 à 2008, bien qu’il dise qu’il n’a pas senti trop de communauté FTM là-bas. « Cette [impression] pourrait être dû à où je me situais dans ma vie à l’époque. Maintenant quand je retourne là-bas, je perçois cette communauté. Mais je n’étais pas confortable avec être un homme trans queer à l’époque. Tout était très anonyme --- je ne voulais pas sortir avec des mecs, je voulais juste les baiser. Si je faisais des trucs avec quelqu’un il n’arrivait pas à se sortir ce truc trans de la tête », se souvient-il.
Nombre d’hommes trans avouent que leur attirance pour les mecs bio – ou au moins leur aisance avec cette attirance –a émergée après qu’ils aient commencé à prendre de la testostérone. « Les hormones c’est un truc puissant », dit Scout.
Buck Angel, la star porno FTM qui d’une manière fameuse se vend lui-même comme « l’homme à chatte », passe beaucoup de temps dans la scène gay de la grosse pomme et dit qu’elle n’est pas si ouverte que ça aux hommes trans. « Je suis connu, donc on me porte beaucoup d’attention. Mais beaucoup de mecs trans lambda avec qui je discute ne se sentent pas adoptés par la communauté gay d’ici. J’en ai entendu certains dire, « ils me mettent à l’écart. Ils découvrent que j’ai une chatte et ils partent en courant. » Et il y a des [mecs bio] qui m’écrivent des emails disant « je suis gay mais je kiffe ce mec trans et je suis trop déboussolé. Est-ce que je suis hétéro ? » Vu que les homos ont dû défendre leur propre identité, Angel dit que « c’est incroyable que les [hommes] gays soient si à fleur de peau au sujet de la sexualité et du genre. »
Ce qui ne veut pas dire que tous les hommes trans qui sont intéressé par les mecs biologiques ont la vie dure dans la grosse pomme. Rose a commencé de transitionner peu de temps avant de déménager pour New York et il dit qu’il a eu la vie assez facile ici. « Je viens juste de sortir d’une relation de deux ans avec un mec non-trans » dit-il. « Je n’ai jamais vraiment eu de problème », que ça soit pour trouver quelqu’un ou avec la communauté gay en général. Je veux dire, je peux compter sur les doigts d’une main le nombre de mecs qui m’ont emmerdé. »
Comme les hommes gays, les mecs trans ne sont pas monochromes dans leur manière d’exprimer leur sexualité. Il y a des actifs, des passifs et ceux dont les vagins sont hors limite. Certains aiment les femmes et d’autres, comme le pionnier des études queer Pat Califia, sont attirés par les autres mecs trans. Et certains aiment les mecs biologiques. Il est difficile de dire combien il y a de mecs trans à New York, et encore plus difficile de préciser quel pourcentage se définit comme gay (c’est à dire, aiment les autres mecs). Au milieu des années 2000, le Boiler Room faisait des soirées Manhunt, une nuit destinée aux FTMs et les mecs bios intéressés, mais il n’y a plus vraiment eu de scène festive spécifique depuis lors. That’s My Jam au Bell House à Gowanus, Hey Queen à Sugarland (que Rose organise avec son camarade promoteur Sierra), et les soirées Spam underwear — toutes se tiennent à Brooklyn, ce n’est pas une coïncidence —attirent bon nombre d’hommes trans. Et des mecs comme Scout, Glenn Marla et le coproducteur de That’s My Jam, Trent sont actifs dans la scène queer noctambule. Il y a aussi des hommes trans qui travaillent dans des bars gay du centre-ville, mais la plupart ne portent pas de panneau publicitaire pour annoncer leur identité de genre.
Le cartooniste Bill Roundy est sorti avec plusieurs hommes trans, bien qu’il se souvienne avoir été un peu désarçonné au début. « Nous étions en soirée et je parlais à ce mec. Je me disais « Il est super beau. » Et puis un ami m’a dit « C’est une nana. » Roundy dit que sortir avec un FTM n’était pas un truc auquel il avait déjà pensé, bien qu’il s’était « demandé si ça pourrait être une possibilité ». Il a romancée la rencontre dans le web-comic « Man Enough » et il a finalement réalisé qu’il n’y avait pas de raison de ne pas agir sur son attirance. Comment ont réagi ses amis ? « Il y a eu différentes réactions – principalement juste un peu de gentilles taquineries de la part d’amis. Mais quelques personnes étaient du genre « Comment t’as pu faire ça ? » et mes amis hétéros étaient carrément fascinés. « Est-ce que ça te rend pas au moins un peu hétéro ? » Certainement pas, dit Roundy. « Je suis gay. Je suis attiré par la masculinité. Pour moi les hommes trans sont des hommes. » (NDT: Il a depuis réalisé une autre BD sur le sujet, intitulée "The orientation police")
Le fait que beaucoup d’hommes trans peuvent « passer » rend la visibilité un problème, même au sein de la communauté LGBT. Révéler leur statut de genre, que ça soit à un partenaire romantique potentiel ou à des amis ou collègues, peut être une perspective intimidante. Mais avec la visibilité audacieuse de Angel, l’arrivée de Original Plumbing, l’attention donné à l « homme enceint » Thomas Beatie par les média et autres repères culturels, les choses ont l’air de changer. « J’ai vu une explosion dans les deux dernières années d’hommes voulant aller avec des mecs trans », dit Angel. « Je pense que j’ai ouvert une porte en permettant aux hommes trans d’être honnêtes au sujet de leur attirance pour les mecs gays et vice-versa. Les gens commencent enfin à tilter et à réaliser qu’il y a plus au sexe que ce qu’il y a entre nos jambes. »