Transmen and the city - L’attirance entre les hommes trans et les mecs gay - 2010

Article d'origine en anglais du magazine NewYork Mag (pdf)

Transmen and the city
Des hommes gay qui aiment des ex-filles, et autres permutations à Brooklyn
par William Van Meter

Sirotant son café au bar Variety Café du côté de Williamsburg, Amos Mac ressemble à un mec gay hipster typique. Sa moustache effilée d’ado et son visage de bébé démentent ses 30 ans. Ses cheveux noirs sont courts sur les côtés avec une masse indisciplinée de boucles sur le dessus. Un grand tatouage de poitrine dépasse un peu de son débardeur coupé bas : on lit identity.
En dessous on trouve deux grandes cicatrices roses, comme des demi-lunes, résultant de sa double mastectomie. Tous les dix à quinze jours, le colocataire de Mac lui fait une injection de testostérone sur ordonnance, ou « T », comme elle est connu dans le langage FTM (transsexuel female-to-male). Il n’a aucune envie de toute autre chirurgie en dessous de la ceinture ; ce n’est pas nécessaire pour lui ou les personnes avec qui il sort.

Mac ne se voit pas vraiment comme un mec, mais comme un “transman”, quelqu’un qui a commencé dans le sexe féminin et qui s’est déplacé vers le côté masculin du continuum du genre. Et pourtant Mac s’identifie aussi en tant que « mec queer », ce qui veux dire qu’il se trouve souvent attiré par, et sortant avec, des hommes gay. Il fait figure d’une nouvelle génération moins concernée par les frontières de genre. « Quand j’étais une femme ou une fille ou peu importe, » dit Mac, « Je me considérais pas mal comme un pédé. Je me sentais attiré par la communauté des hommes gay, et c’est comme ça que je me représente. » Bien qu’il soit sorti avec des femmes, « Je suis attiré par des mecs qui ont un peu de style. Ils n’ont pas à être gay, mais ils peuvent être un peu folle. J’aime les folles un peu artistiques. »

Mac est le fondateur et éditeur du zine trimestriel Original Plumbing (ndt : Plomberie d’origine) –le titre est tiré d’un terme que des hommes trans utilisent pour parler de leur anatomie dans les petites annonces sur Craiglist. « C’est un projet très personnel, » Mac dit. « Je voulais donner une voix aux hommes trans. »

Il y a toujours eu des hommes trans, et beaucoup préfèrent les femmes. Mais ceux qui s’identifient en tant qu’hommes gay deviennent de plus en plus voyants à New York, particulièrement dans les bars de Brooklyn où ils aident à augmenter le quotient déjà élevé de moustaches. Le Metropolitan de Williamsburg, en particulier, compte beaucoup de mecs trans jouant au billard parmi sa clientèle, et ils ne sont pas inconnus sur les sites gay de rencontres comme Manhunt. « Ce que j’aime chez les hommes trans est la même chose que j’aime chez les autres hommes,” dit Ben Riskin, un étudiant en droit de 26 ans, qui est allé avec quelque uns. « Ils sont masculins et souvent très séduisants. C’est puéril d’avoir peur des parties génitales de femme biologique, ainsi que cette idée que ça détermine le genre d’une personne. Les gens sont attirés par d’autres gens. L’intérêt d’être jeune et queer est qu’il n’y a pas besoin de se coller une étiquette sur soi. »

« En grandissant, quelque chose me séparait de mes amies de sexe féminin, » dit Mac. « J’étais attiré par les habits masculins. Je piquais des crises si je devais porter des robes. Mais en même temps, j’étais très fan de boys band. Je n’étais pas l’homme typique enfermé dans un corps de fille. Mais je ne me sentais certainement pas comme une fille. » Mac a décidé de transitionner vers un autre genre il y a environ cinq ans. « Je me sentais de moins en moins lié à mon corps et capable d’être appelé « elle » ou d’être vu comme une fille ou même une femme garçonne. J’ai longtemps essayé de ne pas transitionner et je pensais que je pourrais vivre confortablement en tant que cette personne neutre qui n’avait pas besoin de changer son corps. J’ai essayé de travailler cet angle, et puis je n’en ai plus été capable. » Mac pense qu’à présent, vivant en tant qu’homme queer, il est au final plus confortable avec son côté fem amoureux des boy bands, comme il n’a plus à maintenir une posture masculine forcée pour pouvoir passer.

Mac a déménagé de San Francisco pour Brooklyn en 2008, y retournant pour être juge lors de la première compétition Mr Transman qui s’est passé récemment à la Knitting Factory.

Là, les hommes trans ressemblaient à n’importe quels types et parlaient souvent comme des étudiants diplômés en théorie queer. « Je suis gender-variant –un peu transgenre, » dit Twiz, 28 ans, un genre de punk-greaser au look dur, beau, qui a eu une opération du torse mais ne prend pas de testostérone. « Je ne m’identifie pas comme homme ou femme mais sur un continuum fluide entre les deux. » Pendant que la bière coulait à flot, les choses ont commencé à bouger quand les hommes trans ont lutté et rappé sur scène. Kit Yan de Brooklyn a fait une performance de slam qui a mis tout le monde KO, portant un pyjama avec une sucette, disant qu’il était un « tranny boy sexy et malin pour un.e top dom fem qui pourra lui donner des leçons de bonne conduite. » Yan a gagné le titre, ainsi qu’un sac de jouets sexuels et un machin qui permet aux hommes trans d’uriner debout.

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