Trouver l’amour en tant qu’homme trans - Loren Cameron - 2006

Loren Rex Cameron est décédé en 2022 à l'âge de 63 ans.

Article d'origine en anglais du magazine The Advocate (pdf)

Loren Cameron nous parle d’avoir réalisé ce qu’il aimait, qui il aimait, et de quelle manière il aimait ça depuis qu’il est un homme trans.

Un truc drôle m’est arrivé pendant que je devenais un homme… J’ai commencé à en désirer un. Initialement, c’était juste mon désir d’avoir ce que ce gars là en face avait, associé à une curiosité naturelle au sujet du corps masculin, et en particulier au sujet de la merveille des merveilles : « Le Pénis. »

Peu de temps après, mon comportement bien classique s’est étendu et je me suis mis à fantasmer plein gaz sur toucher et caresser « Le Pénis » ainsi que d’autres parties du corps masculin. Mon désir pour des Fems nécessitant beaucoup d’attention et des corps doux a commencé lentement à se dissoudre, en même temps que mon propre corps féminin.

De la même manière que mes changements corporels (c’est-à-dire mon changement pas si rapide que ça de femme vers homme), cet appétit sexuel a semblé se révéler graduellement au cours de plusieurs relations à long terme. Au fur et à mesure que le temps passait, chaque nouvelle amante était clairement un peu plus masculine que celle qui était venu et partie avant elle. Cette nouvelle attraction pour les femmes masculines m’a semblé être en phase avec ma transformation de genre et m’a frappé comme un effet secondaire intéressant.

En fait, ma récente ex (Ma femme, Mon mari ?) d’un mariage de neuf ans, étant plus jeune que moi de onze ans, était fréquemment prise pour un jeune homme. Juste se tenir les mains en marchant tous les deux dans la rue dans n’importe quel endroit du Monde Hétéro nous amenait des regards étonnamment hostiles. Au début, j’étais perplexe, et puis tout d’un coup j’ai réalisé que les gens étaient en train de se comporter d’une manière visiblement homophobe. Autant pour la notion que tous les transsexuels bénéficient de privilèges hétérosexuels une fois qu’ils ont rectifié leurs corps.

Peut être commencez vous à vous demander pourquoi j’irais m’embêter à modifier mon corps quand tout ce que je veux vraiment est faire du sexe avec des femmes masculines et des hommes. Est-ce que je n’aurais pas pu rester une femme pour faire tout ça ?

C’est juste que ce qui m’excite, et à quoi j’ai besoin que mon corps ressemble ne sont pas la même chose du tout. Ça doit être la chose la plus difficile à appréhender pour la plupart des gens, et c’est la chose la plus dure à expliquer pour moi. Tout ce que je sais c’est que mon corps ne correspondait pas à mon sens intérieur de moi-même. Pas jusqu’à maintenant, après avoir réparé ce qui était douloureusement déséquilibré.

Quelle que soit la raison de mon inconfort physique (une prédisposition biologique peut être ? dans ma famille nous sommes deux à être transsexuels : mon frère est devenu ma sœur), ça ne détermine pas automatiquement mes préférences sexuelles. C’est une tout autre affaire. Si votre cerveau est tordu par tout ça, ne vous sentez pas coupable. Même les psychiatres ne se sont que récemment mis au goût du jour que le genre et la sexualité sont deux thématiques différentes.

Toutefois, quelque chose dans la manière d’adapter mon corps, a commencé à modifier ma sexualité. Tout ce qui était masculin et musclé a commencé à mes yeux à avoir l’air pas et avoir des rapports sexuels en tant qu’homme (ok, en tant qu’homme hybride ou un truc comme ça) avec un autre homme est devenu infiniment plus attirant à mes yeux que ça ne l’avait jamais été quand j’étais perçu en tant que femme.

Essayez d’y comprendre quelque chose. Moi, j’ai juste suivi le mouvement.

Ce nouvel appétit à commencé à l’époque où j’étais un jeune FTM arborant une fine ombre de moustache et un torse fraichement construit. Mon clitoris grossissait joyeusement du fait des injections de testostérone, essayant de son mieux de grandir pour devenir le facsimile de pénis nain qu’il était. Est-ce qu’un homme génétique le verrait aussi de cette manière, je me demandais ? Quand est ce que j’allais lui parler de la petite expérience de chimie qui prenait place dans mon caleçon ? « Hey mec, t’as déjà vu une mini bite ? »

Ce nouveau gout pour de la chair mâle n’était pas une chose facile. Où est ce que j’allais trouver un homme qui voudrait de ce que j’avais ? Quel homme validerait MON style de masculinité en contraste de SON style de masculinité. Est-ce qu’il m’apprécierait en tant que mec musclé qu’on prend en bouche de manière confortable, qui se trouve juste avoir un point d’insertion supplémentaire en prime ? Je ne connaissais pas la réponse mais j’étais décidé à la découvrir.

Pensant que c’était la manière la plus rapide et moins dangereuse de trouver un partenaire (comme n’importe qui, je voulais que la chasse sexuelle soit facile) j’ai rejoins les légions d’hommes en rut parcourant les petites annonces pour des plans chauds. Je me suis dit que ne pas recevoir de réponses à mon annonce devait être mieux que de me prendre un râteau en face à face dans un bar ou être rejeté dans les vestiaires de la salle de gym.

A ma surprise, il n’y avait pas de manque d’intérêt envers mon annonce, mais il y avait un peu de confusion au sujet de ce que j’étais. Je m’étais attendu à ça parce que ça se passait à la fin des années 1980, avant que les FTMs ne soient même qu’un petit écho sur l’écran du gaydar queer. Le terme transgenre venait à peine d’être créé et le T n’était pas encore, de loin, ajouté à LGB, même pas sous la forme d’une arrière pensée politiquement correcte. J’étais somme toute une expèce inconnu pour ces mecs excités mais ça ne semblait pas avoir d’importance, et la plupart d’entre eux ne voulaient pas vraiment en parler non plus. C’était ok pour moi. Je voulais juste peler la banane, et j’étais très heureux quand simplement ils m’appelaient par les bons pronoms genrés. C’est-à-dire « Monsieur ».

Le mec le plus mémorable était un gars taciturne qui était l’incarnation d’un personnage de Tom Of Finland et, sans trop savoir comment, il a couché avec moi. Cet homme parmi les hommes était un homme de la marine marchande en permission. Il était gigantesquement grand, les épaules larges, des grands dorsaux larges, et il avait une moustache remarquablement fournie. Son visage avait une barbe de trois jours dense et quand on s’embrassait, ça me râpait comme du papier de verre . Il avait des tablettes de chocolat comme personne.

On s’était donné rendez vous pour un café, où j’ai exécuté l’interview, “Voilà ce que je suis et voilà ce que tu vas avoir » pré-requise. J’ai fait simple et sans avoir l’air de m’excuser, et, il faut lui donner crédit, il n’a pas hésité. Il a souri, et, avec ce style « homme économe de ses mots », a doucement marmonné, « tu me plais bien ». Ces quelques mots sans prise de tête étaient juste ce qu’il fallait et nous avons plié bagages pour chez moi, ou plutôt dans mon chez moi. Franchement, je l’aurais fait dans le coffre de la voiture avec ce morceau, vous pensez.

Au lit, il était aussi succinct qu’il l’était dans la conversation, mais il était réciproque dans les actes avec plaisir, et heureusement il a été capable de rester dur assez longtemps pour remettre le couvert. Au début, je me suis demandé si les choses ne tourneraient pas à la renverse pour moi, c’est-à-dire qu’il me fasse me sentir à nouveau comme une fille, mais ça ne s’est pas passé comme ça et je n’ai pas senti ça. Il ne m’a jamais fait me sentir moins que l’homme qu’il était. En fait, bien au contraire (non il n’a pas porté de sous-vêtements féminins ou des hauts talons…) et ma réputation d’alpha mâle est resté agressivement intacte.

De quelle manière ? Servez vous de votre imagination les mecs ! Ce n’est pas sorcier, c’est du sexe entre hommes, bandant et animal. Pensez sueur et muscles et plein de frictions qui font du bien. Et beaucoup de bonnes brûlures suite à sa barbe pour me souvenir de lui.

Ça a été ma chanceuse initiation dans le monde de coucher avec des hommes en tant qu’homme d’un genre nouveau et différent : un homme trans qui apporte à la fête quelque chose de spécial. Aujourd’hui, des années et une paire de partenaires femmes masculines après, je suis divorcé, célibataire, et me demandant bien par qui diable je suis attiré.

Est-ce que je suis gay ? Je passe mon temps à la gym et je vénère les corps durs, et ma garde robe vient exclusivement de chez Abercrombie & Fitch. Mon studio est rempli de fauteuils clubs en cuir et de tapis de marque. Je suis fétichiste des uniformes et des cigares. Vu de l’extérieur stéréotypé, ça semble convenu. Comment est ce que je pourrais être le dernier au courant ?!

Mais suis je fais pour ça ? Déjà, j’ai tendance à être un romantique monogame (comprenez enfoiré de jaloux) ce qui, je pense, pourrait me donner un départ compliqué dans la Mecque gay de San Francisco. Et est ce que mon amant gay sera une size queen et se fatiguera de mon petit outil hybride, mon merveilleux et délicieux zizi de trois pouces (okay, deux pouces et demi en érection), n’arrivant pas à la cheville de la réalité comme je le pense ? Est-ce qu’il me cachera dans le placard par rapport à ses amis ? Est ce qu’il me verrait vraiment comme l’homme que je suis depuis bientôt près de vingt ans ? Il devra, ou rien du tout, ma chère.

Tandis que j’essaie de deviner qui viendra partager mon tout nouveau matelas, ma vie, et mes enfants Chihuahua, j’ai commencé encore une fois à parcourir les petites annonces à la recherche de sexe et d’amour. Chemin faisant, j’ai découvert que je ne suis pas seul. Il y a plein d’autres FTMs qui ont cette même révolution homo-bisexuelle dans leur pantalon et beaucoup d’entre eux sont brûlant de beauté.

Faisant le tri parmi des centaines d’annonces en ligne, j’ai trouvé d’autres FTMs qui cherchent des partenaires masculins : des hommes bio gays, d’autres FTMs, et des femmes masculines (comme mon ex). Certains sont enfin à leur aise en tant qu’hommes gays, là où ils auraient toujours dû être, et beaucoup, comme moi, expérimentent et essaient de savoir ce qui convient et ce qui ne convient pas. D’autres se font des plans sans façons tout en étant en couple avec des femmes, négociant les pulsions de leur bisexualité. Et certains FTMs trouvent l’intimité avec ceux de leur espèce. Je dois dire, je les trouve assez séduisants moi aussi. Peut être suis-je gay après tout.

Peu importe si je découvre que je suis gay, bisexuel, ou hétérosexuel sans espoir (ce dont je doute fort), je suis devenu motivé à tourner mon appareil photo vers ces mecs sexy. Faisant cela, mon projet peut aider à dissiper les mythes à notre sujet en montrant que les hommes de mes photos ne sont pas des lesbiennes butch avec de la barbe, sans les seins. Ce sont des hommes sensuels et attirants, et certains ont modifié leurs corps afin de refléter leur masculinité encore plus que je n’ai fait. Peut-être qu’ils ne sont pas ce que vous cherchez, mais je parie que vous ne savez même pas ce que vous avez manqué.

Loren Cameron est un homme trans, photographe, et auteur de Body Alchemy : Transsexual Portraits (PDF à télécharger) et d’autres livres.

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