Des hommes trans qui aiment des hommes gay qui aiment des hommes trans - 2007

Article d'origine en Anglais, publié à l'origine sur Xtra

Par Shawn Syms 

"En dépit de mon aspect physique --- Cela fait plus de sept ans que je prends des hormones et ai été opéré seulement du torse --- beaucoup d’hommes gay sont intéressés par coucher avec moi", nous dit Evan McCraney, un homme trans. "Ça devient facile de faire le tri entre ceux qui veulent m’essayer comme un truc fétichiste, et ceux qui sont sincères."

"J’ai rencontré beaucoup d’hommes formidables, ouverts d’esprit --- qui sont au courant des problèmes de société envers les trans et qui me traitent comme le mec que je suis : en tant qu’égal dans un monde d’hommes queers, peu importe mon passé et mon corps."

De plus en plus d’hommes trans révèlent qu’ils sont gay et cherchent d’autres hommes comme partenaires. C’est plus facile qu’auparavant, dit Mike Hernandez, homme trans et auteur qui a écrit de manière extensive sur les questions trans. Daddy barbu, viril, Hernandez a vu à quel point ça a changé depuis qu’il a commencé à transitionner en 1990. Il dit qu’il était rare à l’époque pour les mecs trans de s’ouvrir au sujet d’une attirance pour le même sexe.

"On attendait de nous qu’on transitionne, se marie avec une femme, adopte des enfants ou que nos partenaires soient inséminées artificiellement, puis qu’on se fonde dans le courant dominant", dit Hernandez. "C’était tabou pour un homme trans d’avoir une relation de couple ou des rapports sexuels avec un autre homme trans."

Bien que la scène des femmes queer de Toronto ait largement accueilli les hommes trans --- les événements communautaires, Dyke Marche annuelle comprise, et les soirées en sauna féminin communiquent sur le fait qu’elles sont ouvertes aux femmes et à toutes les personnes trans --- l’acceptation des hommes trans par les hommes queer locaux est variable. Beaucoup dans les saunas et d’autres espaces sexuels pour hommes sont peu au courant des questions trans et la mysogynie persistante signifie que certains hommes gay n’arrivent pas à faire face à toute anatomie femelle, même sur un autre gars masculin.

"J’étais nerveux." Claudio Ferreira se souvient de sa première relation intime avec son actuel petit ami, Evan McCraney.

"J’ai toujours eu confiance en moi sexuellement mais pour la toute première fois, j’ai pensé, "Aïe, est-ce que j’ai tapé trop haut là ?" Je n’avais jamais auparavant envisagé de baiser un mec trans, mais c’est vrai que je n’en avais jamais rencontré un avant non plus."

Ferreira, 25 ans, dit qu’il vient d’un milieu assez conservateur et que les questions trans étaient une nouveauté pour lui. Il n’était pas sûr de savoir comment procéder au lit. "En baisant, comment j’allais savoir si il allait aimer ? Et si je lui fais mal ? --- ou que je le blesse dans ses sentiments ? Et si je dis quelque chose qu’il ne fallait pas ?"

Mais Ferreira a constaté que ses craintes étaient injustifiées. "Le sexe est différent --- mais pas nécessairement à cause de son anatomie. Nous avons une approche similaire à la sexualité. J’adore déviner ce qui motive les gens quand il s’agit de sexe. J’aime beaucoup réfléchir au sexe et à la création de scènes — et lui pareil. "

Ferreira dit que la clé du succès de leur relation est la communication. "Ça ne me pose aucun problème de m’arrêter en plein milieu d’un rapport sexuel pour poser des questions. "Si je fais ça, tu te sens mieux ou c’est pire ? Et ça ? Est ce que tu aimes ?" Evan m’a mis assez à l’aise de toute manière."

Bien que les attitudes soient en train de changer, les mecs trans ont encore à affronter les suppositions que les autres hommes gay se font au sujet de leurs corps ou de leurs identités.

"Le plus frustrant est quand des mecs se servent pour mon corps d’un vocabulaire qui me fait me sentir féminisé", dit McCraney.

Ce qui compte est que McCraney veux être traité comme un mec. Si vous ne savez pas trop comment parler des parties de son corps, dit-il, eh bien demandez.

"Certains mecs posent des "questions stupides" au sujet de mes organes génitaux ou du vocabulaire que j’emploie pour les décrire. Mais je préfère des questions stupides à des suppositions stupides", dit McCraney. "La plupart des mecs ne sont pas volontairement ignorants. Il n’y a tout simplement pas beaucoup d’informations qui leur est disponible sur les hommes trans".

Il dit qu’une supposition courante est que parce qu’ils ne sont pas nés avec un pénis tous les mecs trans doivent être passifs. "Je suis passif, donc ça marche pour moi. Mais je connais plein de mecs trans actifs qui ont des problèmes pour trouver des hommes non-trans avec qui jouer.

"J’apprécie autant être le partenaire actif que celui passif", dit Hernandez, "et je préfère les hommes qui aiment se faire baiser et se faire sucer autant qu’ils aiment baiser et sucer".

Hernandez dit que la nature de la rencontre sexuelle détermine quelquefois si il dit à quelqu’un qu’il est trans. Par exemple, quand il s’agit de fister, "quelquefois je le révèle et d’autres fois non. Si j’ai une bonne technique et qu’il passe un bon moment, ça ne fait rien de toute manière parce que fister n’a rien à voir avec la bite."

Hernandez dit que beaucoup d’hommes supposent que ça l’intéresse de se faire pénétrer par devant. Non. "Je suis un mec où ça ne passe que par derrière", dit-il.

Alors que de nombreux hommes trans choissisent de prendre des hormones mâles et d’avoir une chirurgie reconstructive du torse, peu se font modifier en dessous de la ceinture, à cause du prix ou pour d’autres raisons personelles. Ça peut jouer de différentes manières une fois sous les draps. Certains gars ne sont simplement pas intéressés par le sexe frontal. Pour d’autres l’idée même sert à leur rappeler d’une manière gênante la différence tangible entre eux et les autres hommes. D’autres hommes toutefois décident simplement de "faire avec ce qu’ils ont".

Les organes génitaux sont mis en avant et sont au centre de l’oeuvre de l’acteur porno Buck Angel, l’auto-proclamé "homme à chatte" qui a joué dans des films tels que "V is for Vagina" (pour en savoir plus sur Angel, jetez un oeil à "Buck Angel : Aural to Oral"). Certains font valoir que l’accent mis par Angel sur ce qui le rend différent des hommes non-trans peut amener à de la fétichisation. Mais d’autres genres de porno avec des hommes-trans sont en train d’apparaître.

"Tous les corps masculins ne se ressemblent pas", dit Ken Rowe de Trannywood Pictures. Le premier film porno de la compagnie, "Cubbyholes : Trans Men in Action" --- disponible à Toronto dans les boutiques "Good for Her" et "Come as You Are" --- a été projeté dans des conférences et des festivals de films au niveau international.

"Un homme est un homme et nous avons tous des histoires différentes", dit Rowe. "Dans nos films nous essayons de banaliser différentes sortes de corps masculins, ainsi que des pratiques de sexe sans risque."

Rowe dit que la compagnie rejette l’idée traditionelle d’un réalisateur qui utilise des acteurs pour mettre en oeuvre une vision. Tout le monde, du caméraman au gars qui s’occupe de l’éclairage et aux acteurs participe à la conduite du projet. "Nous laissons vraiment la communauté lui faire prendre forme", dit-il.

Célébrer la diversité des hommes trans est aussi la philosophie personelle de Rowe. Il n’est pas trans mais il sort avec des hommes trans.

"Lors d’un week-end j’ai dragué trois gars --- dans des bars et dans la rue --- et il s’est avéré qu’ils étaient tous trans. Des gars différents en terme d’origine, de type de corps, d’âge et de relation avec la communauté trans observable. Ça m’a appris qu’il y a beaucoup de manières en tant qu’homme trans de vivre sa vie ."

De même il existe différentes manières pour les hommes trans et non-trans de se conduire les uns avec les autres hors du lit. McCraney pense que la socialisation genrée peut jouer un grand rôle. "Les hommes non-trans ont des styles de communication très différents", dit-il.

Bien que l’identité de genre et l’orientation sexuelle ne soient pas la même chose, l’une peut influencer l’autre. À la fois McCraney et Hernandez ont passé du temps dans les communautés gouines avant de transitionner, et disent que leur ouverture au désir masculin est en relation avec leur acceptation d’eux-même en tant qu’hommes.

"Il n’est pas surprenant qu’après que je me sois identifié comme trans mon attirance pour la masculinité me soit plus accessible", dit Hernandez. "On me voyait comme je me voyais moi-même, j’avais donc l’opportunité d’explorer mes désirs."

McCraney était attiré par les hommes quand il était adolescent. "Quand j’ai commencé à transitionner, j’ai réalisé que mes attirances sexuelles envers les hommes étaient toujours là, et que je pouvais être un homme gay."

"J’ai été queer tout du long, mais pas tout le temps de la même manière."

***

Le VIH et les Hommes Trans

Jae Sevelius de l’University of California, du Centre of Excellence for Transgender HIV Prevention de San Francisco, est actuellement en train de conduire une étude sur le VIH et les hommes trans, à la recherche des risques de transmission sexuelle, via la prise de drogues ou le partage de seringues lors de l’injection d’hormones mâles. Est ce qu’un accroissement des relations avec des hommes queer non-trans entrainerait une augmentation du risque au VIH pour les hommes trans ?

"Des témoignages anecdotiques suggèrent qu’il y a un important sous-groupe d’hommes transgenres qui s’adonnent à du sexe à haut risque --- travail sexuel compris --- avec des hommes non-trans", d’après le résumé de recherche de l’étude.

La recherche existante indique des faibles taux d’infection par le VIH chez les hommes trans mais Sevelius dit que ces études se sont centrées sur des hommes trans hétéro ou n’ont pas relevé du tout l’orientation sexuelle.

Ici à Toronto, les hommes trans sont inclus dans les efforts faits pour comprendre les comportements en lien avec le VIH chez les hommes queer, dans une étude en cours par Adam Green de l’University of Toronto qui est centrée sur la prise de risque chez les différents groupes d’hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes.

"Primed", un livret détaillé sur le sexe à moindre risque créé par et pour les hommes trans "et les hommes qui les kiffent" est disponible sur Queertransmen.org. Ce guide sexy et intelligent a été produit par le Gay/Bi/Queer Transmen Working Group, une division de l’Ontario Gay Men’s HIV Prevention Strategy, couvre un éventail large de questions allant des risques pour la sécurité mis en jeu quand on divulgue qu’on est trans au fonctionnement de A à Z de la culture des saunas et comprend une grande variété de pratiques sexuelles et d’identités trans-masculines.

Ceci est une version plus longue d’un article qui a paru dans l’édition papier de Xtra.

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